Qu’est-ce qu’une cavité souterraine ?

Mis à jour le 04/12/2019
Les cavités souterraines sont des vides qui affectent le sous-sol, et dont l’origine dans notre département peut être soit humaine, soit naturelle.

1) Les cavités souterraines d'origine humaine (dites "anthropiques")

Elles ont des caractéristiques variables en fonction des matériaux extraits du sol. On distingue ainsi :

Coupe schématique du sous-sol du Plateau de Caux.

  • Les marnières

La craie y était exploitée pour l’amendement des terres sur l’ensemble du département, essentiellement au cours des 18ème et 19ème siècles. La profondeur du puits d’extraction variait le plus couramment de 20 m à 40 m, avec un volume de galerie de l’ordre de 200 à 400 m3. Les marnières se trouvent disséminées sur tout le plateau cauchois, pour une densité approchant les 13 au km². Il arrive parfois que les chambres d’extraction couvrent deux niveaux. On parle alors de marnière à étages.

Manifestations en surface de la présence de marnières.

  •  Les carrières de pierre à bâtir

La craie était destinée à la construction. La hauteur des chambres d’exploitation y atteignait 5 à 6 mètres et l’extraction pouvait être conduite sur plusieurs hectares. Pour des facilités d’exploitation et de production de gros blocs, celles-ci se trouvent généralement à flanc de coteau.

  •  Les extractions de matériaux divers

Dans les carrières de sable, d’argile, de silex et de grès, l’exploitation se faisait à faible profondeur. Ces carrières pouvaient s’effondrer rapidement. Il est possible de trouver d’anciennes argilières sur tout le département, bien qu’on puisse noter leur prépondérance dans le Pays de Bray.

  •  Les puits ou puisards

Certains puits non ouvragés peuvent avoir été oubliés avec le temps, laissant apparaître des effondrements circulaires similaires à ceux des puits de marnière. Il peut s’agir de puits d’eau, généralement profond et atteignant la nappe, ou bien de puisard où l’on infiltrait l’eau de pluie. Ces puisards sont parfois appelés « boitout » ou « bétoire » (dans ce cas à distinguer des « vraies » bétoires « naturelles »). Peu profonds, ils ne sont pas dotés de galerie, bien que quelques extensions soient parfois réalisées afin d’en augmenter la capacité.

  • Les parcelles dites "napoléoniennes"

Les extractions de matériaux font l’objet de déclarations en préfecture depuis le dernier Empire. Il existe donc aux archives départementales de nombreuses déclarations d’exploitation ou d’intention d’exploiter. Ces documents anciens reposent sur le cadastre de l’époque, et mentionnent en général les références parcellaires. Les plans sont fréquemment perdus, et la localisation de la marnière sur la parcelle est donc imprécise. Ces parcelles sont dites  parcelles napoléoniennes.

Représentation d’une parcelle napoléonienne sur un recensement d’indices de cavités souterraines.

Exemple de déclaration.

2) les cavités d'origine naturelle (vides karstiques, bétoires)

Elles résultent de la dissolution de la craie par les eaux d’infiltration. En effet, l’eau de pluie traversant l’atmosphère se charge de gaz carbonique, devenant légèrement acide. Les fonds de vallée, où l’eau s’écoule et s’infiltre, sont les plus affectés par ce type de cavités.

  •  Le karst

L’eau circulant dans les roches alcalines les dissout progressivement. Les petites fissures s’agrandissent, forment des vides ou se remplissent de particules fines. Les mouvements de nappe (variation du niveau piézométrique) et les phénomènes pluvieux intenses accélèrent ce processus de dégradation des roches. Cet ensemble de fissures et de boyaux forme le karst. Dans ces roches, la dissolution et l’écoulement souterrain créent des conduits qui vont de l’amont (les points d’infiltration d’eau dans la roche) vers l’aval (la source). Sans forme ni dimension bien définie, le karst crée des circulations d’eau qui communiquent parfois de façon inattendue.
Tout le département, reposant sur un plateau crayeux, est susceptible de connaître des anomalies de surface liées au karst.

  •  Les bétoires

De façon générale, les bétoires sont des dépressions de terrain où s’engouffrent les eaux de ruissellement sur un axe de talweg (vallée sèche). Il est d’ailleurs possible de trouver des bétoires associées « en chapelet ». Les bétoires peuvent aussi être issues d’effondrement de boyaux karstiques devenus trop instables. On parle alors de remontée de fontis. Ces remontées de fontis ne se distinguent pas à première vue de celles provoquées par l’effondrement progressif du plafond (« toit ») d’une marnière (contrairement à l’effondrement soudain qui lui est caractéristique).